journal of the restoration
Le projet de procéder à une campagne de travaux, afin de conserver la chapelle, naquit en 2013. Sa préparation administrative, technique et financière demanda trois ans et demi ; en effet, ce n’est qu’en décembre 2016 que toutes les autorisations furent obtenues.
Nous voudrions ici remercier les personnes qui ont beaucoup contribué à la progression de ce dossier :
M. Philippe Rochas |
Direction Régionale des Affaires
Culturelles |
M. Arnaud Tiercelin |
Direction Régionale des Affaires Culturelles |
Mme Laurette Ridel |
Maire du Mesnil-Mauger |
Mme Olga Levêque |
Mairie du Mesnil-Mauger |
Mme Jessica Salzman |
Mairie du Mesnil-Mauger |
M. François Aubey |
Conseiller général du Calvados, maire de Mezidon |
M. Benoit Maffre |
Architecte en chef des monuments historiques |
Melle Floriane Grippon |
Architecte des monuments historiques, diplomée d’Etat en architecture HMONP |
Le projet s’est d’abord attaché à assurer le clos et le couvert de la chapelle, condition indispensable pour la pérennité des restaurations de la deuxième phase : la conservation des peintures et des décorations diverses. Les travaux sur le clos et couvert ont été divisés en deux tranches pour des raisons financières : tranche ferme (chœur et portail ouest) et tranche conditionnelle (nef et clocher).
Ce journal, composé de différentes parties, correspondant aux étapes successives de la restauration, sera complété au fur et à mesure de son avancement. Cliquez sur le nom d'une étape, pour y accéder directement.
Clos et couvert / chœur et portail ouest | Mars à juin 2017 |
Clos et couvert / nef et clocher | Septembre 2017 à avril 2018 |
Restauration des peintures murales | A partir de mai 2019 |
Clos et couvert / chœur et portail ouest (mars à juin 2017)
Nous ne pouvions pas décemment lancer les travaux à la mi-décembre, juste avant les fêtes de Noël et le début des périodes de grand froid. Aussi la première réunion de chantier n’eut lieu que le 15 février dans une chapelle qui aurait pu servir de chambre froide ! Les débats furent menés par M. Benoit Maffre, architecte en chef des monuments historiques en charge du projet, et son assistante, Mlle Florianne Grippon, elle-même architecte diplômée. |
Pendant ce temps, l’espace de vie pour les ouvriers du chantier fut installé ainsi que les échafaudages autour des zones concernées. |
La première tâche, avant tout coup de marteau, fut de
s’assurer de l’adhérence des couches peintes sur les voutes.
Elle demanda l’usage d’échafaudages roulants ou sapines. |
Les maçons purent alors intervenir pour enlever les mousses des pierres, les gratter et remplacer celles qui étaient en trop mauvais état. |
La croix qui se trouve au-dessus du portail ouest rappelle
les croix celtes. Etant en fort mauvais état, elle a été
remplacée à l’identique sur la base de ses vestiges et de
dessins datant de la fin du XIXe siècle. |
Simultanément, l’équipe de couvreurs a déposé toutes les tuiles du chœur et a procédé à quelques interventions sur la charpente (refaite au début du XXe siècle). Elle a ensuite posé un sous-toit, sorte de bâche imperméabilisée qui va assurer l’étanchéité complète.
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Mettre une gouttière classique aurait permis d’évacuer les
eaux de pluie, en contribuant à assécher les murs mais elle
aurait caché les modillons. Ce n’était pas envisageable. |
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Clos et couvert / nef et clocher (septembre 2017 à avril 2018)
L'envol du clocher
Bien que le clocher ait été construit après le chœur et la nef, nous savions qu'il était en très mauvais état. C'était l'effet d’une étanchéité souvent défectueuse et de l’emploi de bois de qualité médiocre. Sa restauration sur place étant impossible, il fallait le démonter. Ce clocher comporte un poinçon, axe de bois très long sur lequel s’appuient les poutres formant un cône. Un « allongement » du sommet du clocher ne pouvant être réalisé, il a fallu imaginer un bâti en tubes d’échafaudage, sur lequel faire reposer ce sommet, afin d'y travailler aisément sur sa structure. L'objectif était de poser la partie, nommée « fut », qui joint la nef au sommet du clocher sur un camion, pour la transporter en atelier pour restauration. L’opération allait se faire par grutage du sommet puis du fut. Les charpentiers ont d’abord désolidarisé les différentes parties, puis ils ont installé des poutres permettant le soulèvement de façon parfaitement verticale.
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Cliquez, sur l'une des photos précédentes, pour voir la vidéo du reportage réalisé par France3 Normandie.
C'est alors que fut découvert un nid de frelons dans le sommet du clocher. Ce nid allait retarder la dépose du fut et son départ vers l'atelier. |
La charpente du XIIe siècleAprès l'enlèvement du clocher, un échafaudage ayant été monté dans la nef sans, bien sûr, toucher aux murs, nous allions pouvoir découvrir la charpente d'origine. |
Le trou laissé par le clocher a été couvert par un « parapluie » de 50 m² environ. |
Présentons cette charpente : sur un plan en 3 dimensions réalisé par l’entreprise « Les métiers du bois », nous voyons bien sa structure et, en rouge, les parties qui, selon celle-ci, sont à remplacer. |
Nous sommes étonnés de voir que la charpente a été réalisée avec des arbres à peine équarris. Parfois, comme l’aubier a été mangé par les vers de bois, ces poutres semblent bien minces ; cependant, elles tiennent depuis plus de huit siècles alors que les parties des poutres réparées il y a 30 ans sont à enlever et à remplacer. Ceci est dû à la qualité des assemblages, chacun ayant été réalisé, après réflexion, de manière à tenir compte de la forme des poutres. Une évolution du type d’assemblage peut être remarquée : les poutres en hauteur sont assemblées d’après l’ancienne méthode dite à « mi-bois avec ergot » ; celle-ci, afaiblissant trop la poutre qui travaille en flexion, n'a plus été employée après 1150 ou 1200.
Les assemblages au niveau de la panne sablière (au dessus des murs) mettaient en œuvre la nouvelle technique à « tenon et mortaise » qui allait s’imposer. |
Cette chapelle était donc un lieu d’expérimentation pour le maître d’œuvre ! Dans le chœur, il n’y aurait plus, à l'avenir, que des assemblages à tenon-mortaise.
Bel exemple d’assemblage à |
Essai d’assemblage par tenon et mortaise |
Jambe de force du XIIe siècle |
Jambe de force bien restaurée |
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Jambe de force ayant déjà éclaté |
Cette voute, vieille de plus de 800 ans, a été faite de bois recourbés ou « tors », assemblés à mi-bois avec ergots. La photo suivante confirme que le clocher a été ajouté plus tard. La panne faitière a, alors, été coupée pour placer le clocher.
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L'examen du clocher et le début de sa restauration
Le haut du clocher et les restes du nid des frelons, qui s'y étaient logés |
Restauration d’une « enrayure » ou plate-forme sur laquelle s’appuient les poutres formant cône |
L'architecte en chef des monuments historiques et le chef charpentier, devant la pointe du clocher restaurée. |
Elle va être couverte de plomb avant de recevoir le coq et le paratonnerre.
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Décembre 2017 : le coq quitte son perchoir après un siècle de bons services
Suite de la restauration de la charpente
Les charpentiers ont bien avancé, en respectant les assemblages anciens. |
Bonne restauration de la jambe de force ! |
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Un des principaux artisans de ce beau travail ! |
On commence à parler de décoration des lambris. |
Le retour du clocher
26 janvier 2018 : la tempête s’étant calmée, le clocher peut être remis en place.
D'abord le fut.
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Puis la pointe.
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C'était un travail très précis, mené par le grutier depuis sa cabine, et par les charpentiers sur la plate-forme de réception. |
Le clocher est définitivement reposé. |
Les derniers travaux de la première phase du chantier de la restauration
La couverture du toit Il reste à raccorder les ardoises du clocher aux tuiles de la nef et, dans le toit de la nef, à poser une gouttière nantaise qui éliminera les eaux de pluie, tombant jusqu'à présent au pied de la chapelle. |
Les merrains Il ne reste qu’une petite partie des merrains du XVIe siècle ; il faut donc les compléter par de nouveaux merrains, qui auront la même couleur, un peu blanchâtre, et y reproduire la décoration, constituée de « petits ronds » noirs et d’un trait rouge.
Monsieur Maffre a été satisfait par le résultat du traitement du tanin du bois par un mélange d'eau oxygénée et d'eau de Javel. |
La
décoration du plafond de la chapelle
Nous pouvons espérer qu’avec les années une patine rendra les nouvelles planchettes très comparables aux anciennes. Des « petites mains » se sont mises à l’ouvrage pour reconstituer le décor ancien à l’identique : les décoratrices ont peint des petits ronds irréguliers, semblables aux anciens.
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Rénovation
de la porte nord La rénovation la plus impressionnante est celle de la petite porte nord, par laquelle entraient les futurs baptisés. |
La restauration des peintures murales (à partir de mai 2019)
Etude et photographie des peintures
La campagne de restauration des peintures de la Chapelle de Sainte-Marie-aux-Anglais a commencé par leur étude approfondie et la réalisation de photographies, en haute résolution, qui serviront lors des étapes ultérieures.
Cette première phase, le diagnostic avant la restauration des peintures, est menée par Mme Mélodie Bonnat qui, en France et aussi en Chine et en Ouzbekistan, a acquis une grande expérience des peintures sur supports poreux, enduits et argiles. Les photographies sont prises par Thorsten Greve qui travaille avec un matériel qu'il a développé.
Analyse chimique du support des peintures
Le calcaire des murs est une roche poreuse, endommagée par des solutions salines qui s'infiltrent dans ses pores et cristallisent. Le sel le plus actif est le sulfate de sodium. Mme Bonnat a demandé des analyses chimiques en différents endroits et à différentes profondeurs. Les échantillons seront analysés par chromatographie ionique. Elle a détecté un film plastique en plusieurs endroits, venant sans doute de précédentes restaurations employant des produits abandonnés depuis. Des coupes support/film seront obtenues puis analysées par des méthodes utilisant des fragments de quelques microns.